Source : Talk Spirit
Le monde professionnel actuel ne cesse d’évoluer ! Dans ce contexte, la notion de “management bienveillant”, opposée au “management autoritaire”, se révèle de plus en plus importante ! Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une enquête menée par Alan en 2022 sur la quête de sens et la santé mentale au travail révèle que 59 % des collaborateurs se disent stressés, tandis que 47 % rapportent de l’anxiété. Le constat est clair : le bien-être au travail représente un défi majeur.
Pour comprendre en quoi consiste véritablement le management bienveillant et comment il peut être mis en pratique au sein des organisations, nous avons interrogé Gaël Chatelain-Berry, conférencier, écrivain, chroniqueur et podcasteur. Après plus de 20 ans d’expérience en tant que manager au sein de grandes entreprises, il a créé le concept de “management bienveillant”, qu’il définit comme un puissant moteur de productivité pour les entreprises.
Dans cette interview, nous lui avons demandé quelles sont les compétences que doit avoir un manager bienveillant, et comment ce mode de management peut être instauré en entreprise.
Qu’est-ce que le management bienveillant ?
Le management bienveillant est une approche du leadership contraire aux modèles de gestion autoritaires. Ces modèles où la prise de décision est centralisée, où il y a un contrôle strict de l’autorité, limitant la participation individuelle. Selon Gaël Chatelain-Berry, nous pouvons le définir en une phrase : “Le management bienveillant consiste à ne jamais faire à ses collaborateurs ce qu’il n’aimerait pas que l’on nous fasse à nous-mêmes. A-t-on envie de se faire hurler dessus lorsque l’on fait une erreur ? A-t-on envie que notre patron arrive en retard à une réunion que l’on organise ?” Bien évidemment que non ! Autrement dit, le management bienveillant repose sur l’idée que les relations de travail peuvent être naturelles et basées sur la considération des besoins individuels des collaborateurs.
Bien que le concept de management bienveillant gagne en popularité, de nombreuses entreprises continuent encore de suivre des modèles de management traditionnels, axés sur l’autorité et la hiérarchie. Pour Gaël Chatelain-Berry, “cela reste une énorme problématique depuis des décennies en France. Il reste malheureusement encore des entreprises qui n’ont pas pris ce tournant, et qui s’aperçoivent qu’elles sont dans une galère terrible pour le recrutement.”
Ainsi, réinventer son management représente une opportunité d’amélioration intéressante pour les entreprises, et nous allons voir pourquoi.
Pourquoi le management bienveillant est essentiel
Pour Gaël Chatelain-Berry, le management bienveillant va bien au-delà d’une simple tendance ou d’un choix de gestion. C’est une réponse aux défis modernes auxquels sont confrontées les entreprises, tels que :
Le recrutement ;
La fidélisation ;
La recherche de performance ;
L’engagement ;
L’absentéisme ;
Les démissions.
Mise en situation du management bienveillant
Pour illustrer ce propos, il donne un exemple : “Prenons un individu à la recherche d’un emploi, et proposons-lui de choisir entre deux entreprises à rejoindre :
D’un côté, une entreprise qui prône le management toxique où il y a par exemple :
Des réunions organisées tard le vendredi jusqu’à 19H, lorsque l’énergie et la concentration de l’équipe commencent déjà à diminuer ;
Un manque de reconnaissance visible, où les efforts des collaborateurs ne sont que rarement salués ou récompensés ;
Une absence totale de feedback, qui instaure un manque de transparence sur les performances et les axes d’améliorations, à la fois du côté des collaborateurs et des managers.«
« Et de l’autre côté, une entreprise qui va considérer son collaborateur à travers :
La reconnaissance,” par exemple, en dédiant une publication pour célébrer les réalisations, les contributions et les succès des employés sur le réseau social de l’entreprise.
“L’encouragement d’un mode de travail plus flexible”, comme le travail hybride. Cela permet aux collaborateurs de gérer leur temps de travail en fonction de leurs besoins personnels, et d’alterner entre travail à distance et en présentiel, par exemple.
“La mise en place de formations pour le développement” des employés afin de les aider à progresser dans leur carrière.
Gaël Chatelain-Berry conclut que “son choix se tournera évidemment vers la seconde entreprise !” Il rappelle également que “nous ne sommes plus en chômage de masse en France et que les salariés ont aujourd’hui le choix. Quand on sait à quel point le recrutement est difficile sur une telle période, il est important de se pencher sur son management.” Autrement dit, adopter le management bienveillant offre des avantages aussi bien aux collaborateurs qu’aux employeurs !
Les compétences d’un manager bienveillant
Pour Gaël Chatelain-Berry, “On ne fait pas souvent le lien entre notre vie personnelle et notre vie professionnelle, alors que c’est exactement la même chose.”
“Nous sommes des êtres humains, donc nous préférons être entourés de personnes bienveillantes, et c’est la même chose au travail. La seule différence dans la vie professionnelle, c’est que nous ne choisissons pas nos collègues. Dans ce contexte, le rôle d’un manager, c’est de faire évoluer son équipe vers la bienveillance.”
Or, pour créer cet environnement de travail bienveillant et productif, le manager doit développer plusieurs compétences :
L’écoute et la reconnaissance
Cela revient à “être disponible, à écouter attentivement ses collaborateurs, à éviter de toujours prétendre avoir raison, et à être prêt à remettre en question ses propres idées. En fin de compte, cela signifie être présent pour son équipe.
Le rôle d’un manager n’est pas de briller personnellement, mais de mettre en avant son équipe en cas de réussite, et de la protéger en cas d’échec.”
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L’optimisme
“Peu importe la situation, la responsabilité du manager est de toujours motiver et tirer vers le haut ses équipes. Il est crucial de ne pas transmettre son propre stress et de ne pas les décourager.”
L’humilité
“Un manager bienveillant doit absolument cultiver l’humilité, reconnaissant que sans son équipe, il ne peut pas réussir. Il doit comprendre que l’équipe est au cœur du processus, et non lui-même en tant que manager. C’est un principe fondamental du management bienveillant, où la collaboration et la reconnaissance des contributions individuelles sont essentielles pour atteindre les objectifs collectifs.”
Comment mettre en place le management bienveillant : les bonnes pratiques
La mise en place du management bienveillant repose sur des pratiques concrètes. Gaël Chatelain-Berry souligne qu’ « on n’est pas manager juste pour porter un titre. On est manager pour porter un état d’esprit, une ambiance et des valeurs. »
Pour adopter cette approche, notre expert liste plusieurs étapes :
Libérer la parole
Tout d’abord, il préconise de “libérer la parole dès le premier contact. Cela permet de faire comprendre à son équipe qu’ils ont droit de tout dire, y compris des choses désagréables. Tout est une question de forme.”
L’objectif est de réussir à “offrir à son équipe un espace d’expression sans tabou, y compris sur les questions de travail et de ressenti au travail. Par exemple, encourager les discussions sur la motivation, les intérêts et les éventuelles baisses de motivation, sans que cela soit jugé comme dramatique. C’est comme ça que tout le monde se sent bien dans sa peau et ne va pas constamment travailler avec une boule au ventre.
Motiver ses équipes
Gaël Chatelain-Berry rappelle que “l’une des raisons principales de la démotivation des salariés en France réside dans le fait que, certains managers, ne leur adressent pas un simple « bonjour » le matin.” Il pense que “n’importe quelle personne est capable d’apprendre à dire “bonjour”. Il est question ici de comportement de base, à la portée de tous. Évidemment, certaines personnes sont naturellement plus souriantes, optimistes ou ouvertes, ce qui peut influencer leur manière de saluer leurs collègues.”
Ainsi, il est évident que chaque individu est unique, et qu’il est essentiel de prendre en compte chaque employé. Un acte aussi simple qu’un « bonjour » peut se révéler être une source de motivation puissante !
Se former
La formation continue des managers a des grandes vertus ! Pour Gaël Chatelain-Berry le management est comparable à l’apprentissage du piano. “Si vous n’avez jamais joué de piano, imaginez être dans une salle avec dix autres personnes où l’on vous enseigne La lettre à Élise. Peut-être que vous allez la jouer avec deux doigts, et peut-être que quelqu’un à côté de vous la jouera comme un génie. Le management, c’est pareil. On peut apprendre toutes les bases !”
Il n’y a pas de grand secret pour être un manager bienveillant, il suffit de se former continuellement pour affiner ses compétences et ainsi, réussir dans son rôle.
Instaurer une culture du feedback
Pour instaurer une culture du feedback, Gaël Chatelain-Berry nous partage un exercice infaillible ! Il consiste, pour les managers, à “demander à son équipe de se réunir en son absence et de remplir un questionnaire en deux colonnes. Dans la première colonne, ils notent ce que leur manager fait bien, tandis que dans la deuxième colonne, ils identifient ce que leur manager pourrait améliorer. Chaque point doit être validé à l’unanimité par l’équipe.
Cet exercice révèle que les membres de l’équipe ont souvent des perceptions différentes de leur manager en raison de préférences individuelles. Une fois que l’équipe parvient à un consensus, elle peut fournir un feedback au manager. Cela favorise un dialogue ouvert, démontrant l’humilité du manager, sa capacité d’écoute et son engagement envers le service de l’équipe. L’avantage de cet exercice est qu’il :
libère la parole ;
montre l’humilité du manager ;
prouve son écoute et son service auprès de son équipe.”
Se faire évaluer par les équipes
Outre le partage de feedback régulier, il est également important d’évaluer la performance du manager dans un cadre plus formel. L’approche la plus simple (déjà adoptée par plusieurs entreprises françaises) consiste à “organiser une évaluation du manager par son équipe à l’aide de questions simples. Celle évaluation peut être réalisée trimestriellement, mensuellement, etc., sous forme de sondage.”
Cette méthode permet d’obtenir un “indicateur clair et authentique, qui va aider le manager à se perfectionner. La grande majorité des évaluations de ce type sont généralement menées une fois par an par le manager sur lui-même, ce qui équivaut à une autocritique. Cette approche limite souvent les retours négatifs. Il est donc préférable d’opter pour des outils de feedback simples et objectifs.” Les sondages peuvent être réalisés en ligne avec des outils tels que Talkspirit, afin de collecter les réponses des membres de l’équipe de manière anonyme et sécurisée. Cette méthode va permettre de créer un environnement où chacun se sent en sécurité psychologique, et peut partager son avis de manière libre. Ce qui, in fine, va permettre une amélioration continue du management.
Pour conclure
Le management bienveillant est une approche essentielle pour favoriser le bien-être des collaborateurs, stimuler la productivité et booster la performance de l’entreprise !
Comme l’a souligné notre expert Gaël Chatelain-Berry, le management bienveillant repose sur l’écoute, l’empathie et la communication ouverte. En adoptant ces principes, vous pouvez améliorer la relation avec vos équipes et les aider à s’épanouir professionnellement. Alors, ne sous-estimez pas le pouvoir de la bienveillance dans le leadership !
Mettez en pratique ces enseignements, formez-vous, et devenez un manager bienveillant pour contribuer à un monde du travail plus positif !
Auteure : Joelly Kahono
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